Un nom: L'Islet-du-Portage
Le régime seigneurial implanté en Nouvelle-France a fortement marqué le paysage de la vallée du Saint-Laurent en réglant l'orientation des terres à la perpendiculaire par rapport aux rives du fleuve. Pourtant, chaque seigneurie prise individuellement n'a pas nécessairement laissé d'empreintes qui auraient survécu jusqu'ici. Rarement trouvera-t-on le souvenir de l'emplacement du moulin banal. Occasionnellement, on peut voir un manoir, et encore, il s'agit le plus souvent d'un édifice reconstruit récemment ou difficilement conservé du dix-neuvième siècle.
On pourrait encore plus difficilement repérer aujourd'hui sur le terrain les limites de ces seigneuries, tant de nouvelles zones religieuses, administratives ou politiques ont découpé son territoire ou s'y sont superposé pour effacer sa réalité: paroisses catholiques, municipalités civiles, circonscriptions électorales provinciales et fédérales, municipalités régionales de comtés, la liste est longue.
La seigneurie a été le premier - et au début la seule – entité socio-économique découpant le territoire sur lequel se sont installées les premières populations dans la vallée du Saint-Laurent, détenant une grande partie des pouvoirs jusqu'à celui de la justice. Donc, cette institution détenait une influence considérable sur la vie quotidienne.
Malgré cela, l'historiographie, surtout l'historiographie contemporaine, est loin d'avoir fait le tour de la réalité des seigneuries concédées sous le régime français. Surtout, les observations sur celles-ci ont été souvent englobées dans des monographies paroissiales ou des biographies des personnages locaux. L'intérêt d'une étude de la seigneurie prise comme entité ne nous paraît cependant pas négligeable compte tenu de son importance pour le développement et la vie économique d'une communauté de peuplement. Le cas de l'Islet du Portage en est une illustration. À l'origine du peuplement de Saint-André-de-Kamouraska, cette seigneurie est aussi devenue sous le régime anglais le siège d'une industrie de construction navale. C'est ce parcours que nous allons tenter de retracer.
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