À partir du samedi, la phase finale commence à se dessiner. Johansson, le tombeur de Borg, a complètement décontenancé l'américain Clark Grebner et doit rencontrer en semi-finale le champion 1972 Marty Riessen. De son sôté, Connors a rendez-vous avec le britannique Mark Cox considéré comme un logique « aspirant » à la finale. Du coup, il se présente une possibilité selon laquelle Connors et Riessen, qui forment équipe dans le double, fassent les frais des deux finales(11)!
Effectivement les américains vont participer aux deux épreuves. Connors, comme prévu, remporte le simple, mais Riessen et lui doivent s'incliner en double devant Bob Carmichael et Frew MacMillan.
Encore une fois, avec la fin du tournoi arrive le temps des bilans. Un chroniqueur résume sèchement la question : « Sur le strict plan tennis, des matches, dans l'ensemble, intéressants. Pour le reste, l'heure est à la réflexion. »
Encore une fois, le niveau des assistances plafonne. On a compté 10.117 spectateurs payants, soit 337 de moins que l'année précédente. C'est toujours loin des 18.000 espérés. Heureusement, ce chiffre n'est pas le seul critère d'évaluation pour le commanditaire.
Le président du comité organisateur, Jean-Yves Laurin, tente quelques explications pour ce succès mitigé : l'absence de « gros noms » du tennis, l’éclipse des cameras de télévision, le piètre début du tournoi lui-même, alors que plusieurs vedettes ont atteint Québec sur le tard, le manque d'ambiance lors des compétitions (sans qu'il soit question ici de jeter la pierre à l’Université Laval), à cause de la configuration de l'emplacement choisi dans l'enceinte du Pavillon de 1'éducation physique et des sports, le trop grand nombre de matches qu’entraîne la tenue d'un tel tournoi, etc... Au comité, certains - mais pas tous – jonglent avec la possibilité de laisser tomber les parties de double, qui sont appréciées du public mais allongent la durée du tournoi.
Du côté du commanditaire, Roland Daneault, directeur général de Rothmans au Québec, précise que leur premier souci est de voir la courbe des ventes six mois après l'événement. C'est d'abord ce qui les motive à investir 100.000$ dans celui-ci. Au surplus, il y a la réponse du territoire. Par exemple, Rothmans ne retournera vraisemblablement pas à Vancouver à cause de l'accueil plutôt froid des médias. À Québec, au contraire, la collaboration de la presse « dépasse tout ce qu'on peut rencontrer dans le pays »(12). Compte tenu de cette analyse, y a-t-il une chance pour un prochain Rothmans à Québec?
Hélas, cette édition 1973 est la dernière de la tournée du World Championship Tour à Québec. Le Rothmans international ne reviendra pas l'année suivante, ni après. Cela clôt un cycle de presque dix ans durant lequel des passionnés de tennis, ingénieux et tenaces, ont réussi à réunir en ville la crème du tennis mondial. Mais le sport a changé, de même que les conditions de présentation des matches et des tournois, rendant presque impossible la rentabilisation de ce genre d'événement.
Heureusement pour la ville et pour les amateurs, les organisateurs n'abandonneront pas et vont continuer à travailler pour amener à Québec d'autres événements de tennis. Ainsi, dès l'année suivante, on voit Jean Marois faire des démarches pour que les parties de la coupe Davis impliquant le Canada soient jouées dans la capitale(13). Il y aura encore de grandes compétitions de tennis en ville.
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