Après la saison 1943, alors qu'il n'a pas encore vingt ans, il est déjà classé au troisième rang des joueurs locaux(14). Il poursuit son ascension et remporte en 1945 le tournoi intermédiaire de la ville en démontrant dans la finale un jeu solide au filet(15). Désormais classé comme senior, il peut participer la même année au championnat simple masculin de Québec : la fameuse coupe Rondeau. L'événement a lieu en août et Marois confirme son talent en connaissant un parcours sans faute. Le 30, il affronte en finale Jean-Paul Turgeon, premier joueur de la ville et champion défendant, qui a déjà trois de ces championnats en poche. Le match ne manque pas de rebondissements dans les trois premiers sets, mais Marois se distingue par un ralliement spectaculaire et l'emporte finalement 4-6, 6-1, 4-6, 6-0, 6-2(16). Sa victoire n'est pas anodine, puisque Turgeon est un « spécialiste » de ce tournoi, qu'il va remporter en tout à dix reprises, un record inégalé. Cela donne la mesure du mérite du jeune nouveau champion.
La renommée de celui-ci dépasse la région puisque l'Association provinciale de tennis (PQLTA) le choisit pour participer en mai 1946 aux éliminatoires du Canada de la coupe Davis à Montréal. Il est cependant éliminé par Jean-Paul Desjardins(17). Il prend sa revanche au championnat de l'Ontario à Hamilton en juillet, et remporte la triple couronne : le simple contre ce même Desjardins, le double en sa compagnie et le mixte en partenariat avec Mme R. Fisher de Toronto(18).
Les compétitions s’enchaînent ce même été. Aussitôt après le championnat ontarien, celui de l'Est du Canada se dispute en formule ouverte à Toronto. En première ronde, Marois remporte la victoire sur le joueur de l'heure au Québec, Henri Rochon(19). Il perd la finale contre le norvégien Yan Stobo, mais prend sa revanche en double mixte avec Mme Fisher contre ce même Stobo et sa partenaire Mlle Irvin de NY(20).
Toujours en juillet 1946, les championnats de la province de Québec se tiennent à Montréal. Marois y brille encore une fois et remporte la finale contre « le redouté » Henri Rochon par 1-6, 6-4, 6-3, 6-1. Un chroniqueur précise : « il fit preuve du même sang-froid extraordinaire qui est le sien quand il garde les buts des As, au hockey ». Cette victoire est significative : Marois est le premier tennisman de la ville à remporter ce titre(21). Rappelons que, jusque-là, le seul titre provincial en simple pour la ville de Québec appartenait à Angéline Lemieux-Beaupré, obtenu en 1922. [Voir notre texte sur Angéline Lemieux-Beaupré]
Pour terminer cette saison exceptionnelle, il est désigné, en compagnie de Don McDiarmid, comme représentant canadien au tournoi pan-américain à Mexico du 12 au 20 octobre(22).
L'Association provinciale de tennis tarde pourtant à reconnaître pleinement ses mérites. En fin d'année, on le classe au second rang des joueurs, derrière Brendan Macken, qui n'a pourtant même pas participé au championnat provincial(23). Des années plus tard, Marois confiera que de se retrouver derrière Macken, alors qu'aucun joueur canadien ne l'avait battu sera « le plus gros désappointement de sa carrière »(24).
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