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Haro sur le cheval
Le 08/05/2024
Des chevaux en trop
[Section précédente : Un moteur de changement social]
Quarante ans près l'introduction d'environ quatre-vingt chevaux en Nouvelle-France, l'administration coloniale semble croire qu'on a fait fausse route – en partie du moins. Le troupeau a atteint à ce moment plus de 10% de la population humaine (1872 contre 16 417). Les chevaux sont répartis dans toutes les couches de la société et ont contribué à développer chez les habitants des façons de conduire audacieuses et un comportement qui tranchent avec ceux de la France métropolitaine.
Aussi, les autorités, tant à Paris qu'à Québec, vont glisser vers une nouvelle approche à l'égard de l'animal. On considère qu'il y a désormais trop de chevaux dans la colonie. Leur nombre et leur usage sont considérés comme nuisibles économiquement et surtout stratégiquement, puisque leur entretien coûte cher et que les gens perdraient l'habitude de circuler à pied. C'est pourquoi apparaissent graduellement des mesures pour restreindre la prolifération de ces animaux ou, si cela ne suffit pas, pour entreprendre l'opération extrême : faire tuer les chevaux en surplus.
Un moteur de changement social
Le 28/03/2024
[Section précédente : La charrue ou le charroi]
Non contents d'être utiles en Nouvelle-France, les chevaux deviennent l'un des éléments essentiels du mode de vie de tous ses habitants. Voilà qui constitue un changement social par rapport à la métropole et contribue à donner à cette colonie quelques-uns de ses traits particuliers. L'usage des chevaux se confond ici avec le train de vie, les habitudes sociales, la réussite matérielle.
En raison de leur fierté et de leur intérêt pour les chevaux, les habitants cherchent souvent à faire la démonstration de leurs capacités et de leur vitesse. S'ensuivent des courses improvisées et des habitudes de conduite à la limite de la sécurité. Cela érige un mur entre les habitants et l'administration. Celle-ci va répondre par une avalanche de réglementations, dont l'effet va toutefois rester limité.
La charrue ou le charroi
Le 29/02/2024
L'usage des chevaux en Nouvelle-France
[Section précédente : Les chevaux en commerce]
Compte tenu de l’augmentation rapide du troupeau et de sa répartition dans tous les groupes de la population, le cheval ne pouvait pas rester en marge de la vie quotidienne en Nouvelle-France. Malgré les limites qu'imposent la rareté des chemins et la géographie, il va devenir un compagnon indispensable pour l'accomplissement de beaucoup de tâches. Certains usages auxquels on l'affecte n'avaient d'ailleurs visiblement pas été prévus par les responsables de la colonisation .
Chevaux en commerce
Le 31/01/2024
[Section précédente : La multiplication des chevaux]
L'augmentation rapide du nombre de chevaux en Nouvelle-France, surtout à partir de 1700, a facilité leur pénétration dans toutes les couches de la société. Il n'y a cependant pas beaucoup de données disponibles - pour le moment - sur la façon dont ils se sont répartis dans la population et sont passés d'un propriétaire à l'autre, en dehors des distributions de l'intendant.
Quelques acte notariés retrouvés jusqu'ici nous indiquent tout de même qu'un commerce s'est établi assez rapidement. L'échantillon n'est pas très volumineux, mais il présente des exemples du type de transaction, des prix, de l'identité des propriétaires et acquéreurs, de même que, dans une certaine mesure, de l'usage éventuel des bêtes.
Multiplication des chevaux
Le 05/09/2023
De quelques dizaines à une douzaine de mille
[Section précédente : La distribution des chevaux]
Distribué dans la population de Nouvelle-France contre promesse de le faire se reproduire, le cheval y trouve des conditions favorables puisqu'il va se multiplier rapidement. Au vu de cette progression, on peut affirmer que l'envoi de chevaux sera un des plus grands succès de toute l'opération coloniale française en Amérique : sur une période de moins de cent ans, les quelque quatre-vingt bêtes traversées de 1665 à 1671 vont devenir un troupeau plus de douze mille au moment de la Conquête.
Les différents recensements tenus par l'administration française sont éloquents à ce sujet. Le troupeau de chevaux augmente avec régularité pour atteindre vers 1720 environ 20% de la population humaine, soit 5270 chevaux pour 24 434 personnes. Ce rapport de un pour cinq constitue une proportion très élevée qui fait penser à l'attrait pour l'automobile dans les années 1960 ou 1970. Il va favoriser l'intégration de cet animal dans la vie de tous les jours et contribuer à façonner cette jeune société.
Distribution des chevaux
Le 18/08/2023
À qui vont les chevaux envoyés par le roi?
[Section précédente : Les envois royaux]
Les quelque 80 chevaux envoyés de France à Québec entre 1665 et 1671 pour équiper la colonie ne sont pas lâchés dans la nature à l'aveuglette. Ils restent sous la responsabilité de l'administration au moment du débarquement. Pour eux, on a prévu un système de distribution particulier, dont on va voir ici les caractéristiques : l'intendant prend les animaux en charge au nom du roi, désigne les récipiendaires et prend entente avec eux.
Les heureux élus seront répartis, au début en tous cas, entre personnalités de la colonie et communautés religieuses. C'est que la France de l'Ancien régime est très étanche socialement, et les chevaux y sont réservés aux classes dominantes, par exemple pour tirer les carrosses ou pour porter les officiers de l'armée.
L'entente proposée par l'intendant, d'une durée de trois ans, précise comment les nouveaux propriétaires pourront utiliser les chevaux à leur avantage, mais aussi comment ils auront la responsabilité de les garder en bonne condition et surtout les faire se reproduire. En effet, ils devront à l'échéance remettre un poulain, sous peine de payer une amende. Après trois ans, l'administrateur était donc en possession d'une nouvelle génération de chevaux à distribuer, qui serait renouvelée dans les trois années suivantes, et ainsi de suite. Cette formule pouvait tourner à l'infini et elle va démontrer son efficacité en Nouvelle-France.
Les envois royaux
Le 03/07/2023
Des chevaux envoyés sur ordre du roi
[Section précédente : Le premier cheval à Québec]
En 1660, Louis XIV atteint sa majorité et prend en mains les affaires du royaume. Il décide alors de donner une solide impulsion au développement de la Nouvelle-France : d'importants moyens sont mis en œuvre pour renforcer le peuplement, la défense et l'équipement de la colonie. Les chevaux font intimement partie de ce programme.
Six envois comprenant juments et étalons seront faits entre 1665 et 1671, pour un total d'environ 80 bêtes. À partir de ce moment, on considérera que la colonie en est suffisamment pourvue et que la reproduction fera le reste. Ce groupe est le noyau du troupeau de chevaux qui va peupler la Nouvelle-France jusqu'à la Conquête.
Le premier cheval à Québec
Le 01/06/2023
Le premier cheval arrive à Québec en 1647
Alors que les chevaux semblent absents du continent américain, les explorateurs et colonisateurs européens vont apporter graduellement les leurs à partir du XVe siècle. Ces animaux vont s'installer en permanence, se multiplier et finir par former des races distinctes, comme le cheval canadien pour la Nouvelle-France. Le premier de ces animaux arrivé à Québec est offert au gouverneur Montmagny par la compagnie des Habitants en 1647.