Cette décennie 1960 se termine cependant sur un cycle de démolition/construction qui vient bouleverser la géographie de la colline parlementaire. Des pâtés entiers d'édifices sont rasés pour faire place aux symboles de la modernité : construction de l'hôtel Hilton, percement de l'autoroute Dufferin-Montmorency, érection d'édifices administratifs affublés de noms poétiques comme « Édifice G » et « Édifice H », aménagement d'un immense stationnement souterrain le long des murs, avec entrées et sorties béantes tout à côté du Palais Montcalm.
Les travaux d'excavation pour le stationnement souterrain faisant disparaître tout ce qui se trouvait en surface, l'Association des employés civils perdait en 1971 son siège social, et le club ses terrains de tennis(6). Un chroniqueur de L'Action-Québec, Jecques Revelin, y va de quelques paragraphes bien sentis – et teintés de nostalgie – sur le sens de cette disparition :
« Ce progrès qui ronge goulûment le passé et même le présent se moque des sentiments. Quel dommage que l'on ne protège pas les théâtres sportifs historiques comme on conserve certains monuments où, jadis, un personnage renommé y vécut, ou y séjourna quelque temps. La terre battue du Civil n'a-t-elle pas été foulée par les plus fameux seigneurs du tennis, comme Santana, Emerson, Okker, Gonzalez et combien d'autres ?
Les jeunes Québécois qui poussent et ceux qui naîtront croiront-ils que devant le Parlement se disputèrent des matches palpitants, rageurs, spectaculaires, dramatiques, sous le soleil brûlant de l'après-midi et l'étouffante chaleur des soirées d'été ? On n'entendra plus les Ohhh! et les ahhh! de la foule massée dans les gradins en bois et parfois même sur le talus, quand, après des échanges fracassants, un smash ou un coup au filet trompait l'un des deux adversaires et lui faisait perdre une partie, un set ou un match.
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