En juin 1929, le Victoria lance un nouveau championnat régional simple masculin; il portera le nom de coupe Morel(39). Crée-t-il une concurrence indésirable avec le tournoi Rondeau qui est déjà consacré comme le championnat simple masculin? On ne trouve aucune réaction de la part de son hôte le QLTC et, comme on va le voir, les deux tournois vont cohabiter sans conflit durant toute la prochaine décennie.
D'ailleurs la réponse ne tarde pas : dix jours avant l'ouverture du tournoi prévue pour le 1er juillet, pas moins de trente-cinq participants sont inscrits, dont six du seul club Lévis(40). Il y en aura finalement 56, venus de treize clubs : Anglo-Pulp, Jacques-Cartier, Voirie, Cap Santé, Ottawa, Cantin, Saint-Louis, Québec, St-Patrick, Lévis, Sillery, CNR, Bonnet(41). Le tournoi est rehaussé par la présence du gouverneur général lord Willingdon, qui sera fait membre à vie du club(42). L'honneur d'être le premier récipiendaire revient à Alphonse Gingras, le champion du club depuis plusieurs années(43).
Sanctionné dès 1930 par la Canadian Lawn Tennis Association, le tournoi passe en mode ouvert(44). Des invitations sont faites aux joueurs de Montréal, qui doivent finalement se désister pour cette édition, étant donné que le club du parc Lafontaine a décidé de faire ses tournois au même moment. Ils seront remplacés par deux compétiteurs de Trois-Rivières(45).
En 1931, cependant, la participation extérieure s'élargit. On compte des équipes de Beauceville, Victoriaville, Pont-Rouge et, enfin, du Parc Lafontaine. Les montréalais ne repartiront pas bredouilles : en simple masculin, Émard remporte la finale contre l'espoir du Jacques-Cartier, Jean-Louis Létourneau et il fait de même pour le double en compagnie de son partenaire Demers(46). La victoire montréalaise n'est que la première d'une longue série dans ce tournoi.
Pendant ce temps, la coupe Château est difficile à supporter financièrement pour le club en dépit de sa popularité. La situation devient critique en 1935. Au moment de lancer l’événement, son président s'adresse à la presse pour faire le point :
« Ce tournoi est le cinquième à Québec et je dois vous dire que durant quatre années consécutives, nous avons encaissé des déficits. Nous faisons un dernier effort cette année et si nous ne rencontrons pas au moins nos dépenses, je puis vous assurer que le plus grand événement dans le monde du tennis à Québec sera chose du passé et probablement qu'il faudra attendre plusieurs années avant qu'un autre club se décide à prendre ce mauvais risque(47). »
Parmi les difficultés, il pointe du doigt la concurrence, exacerbée par la migration de certains joueurs d'un club à un autre. Le tournoi de 1935 aura pourtant lieu, et sera considéré comme un « succès magistral »(48).
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